Sensibilisée à la détresse hydrique de la vallée du Draa au Maroc, j’ai décidé d’installer en ce début d’année 2022 un atelier éphémère dans la palmeraie d’Amezrou.
Mon objectif a été de saisir l’esprit du lieu d’une manière sensible et poétique à travers la matière vécue par une immersion de longue durée au milieu des éléments naturels et du quotidien des habitants.
Lors de cette immersion, j’ai découvert la nécessité du palmier dattier dans cette région. Cet arbre est l’élément nourricier principal de ce lieu. Grâce à lui, les habitants se chauffent, se nourrissent et se logent grâce à son bois et ses fruits. Il est l’élément incontournable de la survie des habitants de ce territoire. A partir de cette observation, j’ai créé la sculpture Nelc’hla avec les éléments du palmier dattier (écorce, branches …). J’ai transformé la forme du végétal en forme animal afin de symboliser l’élément nourricier de la région et valoriser l’interdépendance entre l’homme et son territoire.
Pour sensibiliser sur les enjeux environnementaux du lieu en cette sombre période écologique, j’ai décidé de faire venir Nelc’hla en France tel un migrant climatique avec l’aide de la communauté qui m’a accueillie. Je me suis appuyée sur leur réseau d’entraide pour faire remonter la sculpture vers l’Occident. De la mobylette au pickup jusqu’au petit camion, Nelc’hla aura traversé les montagnes de l’Atlas, embarqué dans un navire et franchi les Pyrénées jusqu’en Bourgogne où j’habite.
Par l’extraction de Nelc’hla de son milieu naturel, je l’expose à l’exil, je l’amène à faire irruption dans un nouvel environnement écologique et social.
Le projet Nelc’hla est constitué d’une sculpture d’une dimension de 133 x 30 x 102 cm.