Les fragments du vide

Lors de mon dernier voyage dans le désert marocain, j’ai posé ma valise et installé mon atelier pendant quarante jours chez mon ami Ali à l’Erg Lihoudi. J’ai exploré ce territoire qui m’était inconnu, à travers mes encres, ma plume et mes pinceaux.
Seule, ou presque, dans ce grand espace saharien, je me suis laissée emporter par les vagues du Chergui aux confins des fragments du vide. Aspirée vers les frontières de ce nouveau paradigme j’ai avancé à tâtons vers l’énigme du vivant à travers les matières élémentaires.

 

Lors de ces quarante jours j’ai traversé le désert,
attaquée par les flèches enflammées du soleil,
désorientée par les tempêtes de sable,
Auprès d’Ali et Mohamed j’ai appris à écouter le désert,
à l’observer. A l’apprivoiser.
Soignée par les lueurs de la lune,
bercée par le vent,
j’ai accueilli le vide dans le plein et le plein dans le vide.

Entre microcosme et macrocosme

Sur le fil des dunes, j’ai saisi les courbes du plus vieux sculpteur de tous les temps : le vent.
J’ai plongé dans une mer minérale, j’ai remonté des cailloux, des fossiles et des branches et j’en ai constitué un carnet de sédimentation.

Entre terre et ciel

Autour des axes solitaires que sont les arbres, à travers mes encres j’ai extrait l’essence même de la puissance de vie en milieu aride. J’ai sculpté des chimères à partir de branches mortes et de fil de fer abandonné par les nomades. Entre chien et loup, je les ai photographiées lors de leur course sur le sable.

Vie – Mort – Vie

Des jarres aux formes généreuses et des jarres brisées occupaient le sol du terrain d’Ali. A l’encre diluée dans du thé au sucre, j’ai esquissé un triptyque, exprimant l’instant d’éclat de la jarre.
Lors de mes marches, j’ai glané des éclats d’œufs d’autruche fossilisés que j’essaie de reconstituer.